Puissance de la terre

Puissance de la terre

Une explication de texte d'Eminescu

Ca y est! Ma petite nouvelle drôlatique (sa première partie du moins) vient d'être publiée sur De plume à plume. Je vous assure que c'est du lourd! Du pur délire comme je vous disais hier. Un personnage principal qui part dans tous les sens dans cet oral qui doit sanctionner des partielles de fin de semestre. On est à la fac d'Aix-en-Provence, en milieu d'année. Le temps au dehors est assez glauque, mais ce qui se passe dans les locaux décrépits de la fac de lettres a de quoi réjouir. Comme je l'ai précisé déjà, ce texte a été écrit il y a dix ans: on ne s'étonnera pas de trouver une référence à Jacques Chirac ou au Monde de Narnia (le film). Eminescu, qui est un étudiant sans le sou, s'excite, si je puis dire, sur des émissions qui passent tard le soir; il ne connaît pas encore les facilités d'Internet, même si elles existent déjà. Peu importe! Ce qui compte, c'est de se laisser porter par la drôlerie, que dis-je? l'irrévérence du texte.

 

Cliquez ici pour vous payer une belle tranche de rire: Une explication de texte d'Eminescu (1).


28/06/2015
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Explications de texte, bac de français et autres fariboles

J'ai relu il y a peu une sorte de nouvelle drôlatique écrite au temps où j'étais encore étudiant. Il s'agit d'une explication de texte que fait Eminescu, petit étudiant sans le sou, pauvre hère qui rêve de coucher avec des filles qui ne le calculent pas. Un véritable trickster, héros de tout un cycle. Certes, je trouve bien des défauts au style de ma nouvelle, et je puis dire qu'en dix ans celui-ci s'est assoupli. Mais tout de même, quelle énergie, quelle imagination! Tout n'est que délire d'un bout à l'autre du récit. Un véritable sketch!

Je ne vais pas tarder à le mettre en ligne sur un site intitulé de Plume en plume. Il se pourrait qu'il ne soit pas accepté - le texte est assez irrévérencieux - auquel cas je le publierai par épisodes sur ce blog.

A suivre, donc.

Tout ceci m'amène à parler de ces oraux assez ridicules que l'on fait passer à nos étudiants et bacheliers. Que de fariboles ne racontent-ils pas sur des textes dont ils se foutent pas mal. Ils apprennent quelques généralités, des figures de style, de grands mots qu'ils déballent à tout-va. Mais pour le fond, comprennent-ils nos grands classiques? Ils doivent être bien peu à y avoir accès. Et j'en viens à m'interroger sur l'utilité de bien des épreuves, et du bac en lui-même. L'état dépense, tenez-vous bien, un milliard cinq cent vingt-cinq million d'euros pour un examen que l'on donne à tout le monde. Ils sont plus de quatre-vingt pour cent à l'avoir, et la plupart se vantent de n'avoir rien foutu de l'année. A quoi tout cela sert-il?


27/06/2015
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Course-poursuite

C'est en écoutant la télé d'une oreille distraite que j'ai eu l'idée de publier un extrait de mon roman. Deux trafiquants de drogue ont été interpellés près de Toulouse après avoir pris une autoroute à contre-sens à bord d'une Porsche Cayenne. J'ai eu la même idée dans mon roman, Puissance de la terre. Sauf que mes quatre héros ne transportent pas du cannabis en mode go-fast; ils viennent de faire le casse d'une des banques les plus prospères d'une grande métropole.

 

Sahuc est le héros tant attendu (cf. la fin de mon article Présentations) par mon narrateur, Sylvain Fargier, ce pauvre fils de paysan plein d'imagination dont les parents sont accablés de dettes. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'en attaquant des banquiers à la kalachnikov, son héros le venge lui et tous les siens de tous ceux qui les oppriment.

 

Les quatre membres du commando viennent juste de sortir de la banque avec des sacs de sport pleins à craquer. Attention à ce qui va suivre: vous en viendrez à vous accrocher aux bras de votre fauteuil tant le récit vous transporte, peut-être même que vous vous protégerez la tête des éclats de pare-brise et de tôle qui volent en tous sens...

 

 

Cinq voitures de police, déboulant de nulle part, les prirent en chasse au niveau du boulevard principal d'Aubusson. Ils slalomèrent d'abord entre les autos qui klaxonnaient, prirent une voie de bus, puis un sens interdit, sans parvenir à les semer. Se penchant à travers la vitre arrière grande ouverte, Sahuc ajusta leurs plus proches poursuivants. Le pare-brise tomba et la caisse, dont le gyrophare illuminait la rue, alla se ficher dans un horodateur. La riposte ne se fit pas attendre. Une première balle, manquant de justesse un pneu, rebondit sur la jante ; une deuxième traversa la lunette arrière, frôla la tempe d'Astor.

Quittant le centre-ville, Ball s'engagea brusquement dans une voie d'insertion.

-Maintenant, essayez de me suivre, si vous le pouvez, marmonna-t-il en regardant dans son rétroviseur les véhicules de police.

Il donna soudain un grand coup de volant. Dans un crissement de pneu déchirant, sa bagnole fit une embardée telle que deux roues décollèrent du sol. Un poids lourd l'évita avec un coup de klaxon interminable. Accélérant de plus belle, il repartit sur la rocade, à contre-sens. Deux voitures le suivirent malgré tout ; les autres furent bloquées par des automobilistes qui freinaient en catastrophe. Il y eut sur les deux voies un embouteillage monstre.

-Encore deux cages à poulets. Allez, ma belle, montre-nous ce que t'as dans le ventre !

Les autos, qui arrivaient face à eux, faisaient claquer leurs vitres par de brusques appels d'air, les aiguilles sur le tableau de bord étaient à leur maximum, et les quatre hommes filaient à deux cent-vingt sur une bande d'arrêt d'urgence.

Un petit jeune, qui changeait sa roue, leur barra soudain le passage. Ball se déporta au dernier moment, se rabattit avant qu'une camionnette ne les percute – les angles des pare-chocs se frôlèrent. Les flics, derrière, ne s'en tirèrent pas à si bon compte. N'ayant pas eu le réflexe de braquer, ils emboutirent la petite auto en panne dans un froissement de tôle effroyable, tuant le jeune homme sur le coup, et leur véhicule s'en alla heurter la glissière de sécurité qu'il déforma.

Une seule bagnole, avec des hurlements de sirène, était encore à leurs trousses ; des flics, à l'intérieur, cherchaient à les atteindre par des tirs sporadiques.

-Il en reste plus qu'une, mais ils vont pas tarder à bloquer la voie. Il faut sortir de ce merdier.

A la place du mort, Murdock avait aperçu des fourgons qui investissaient la rocade, au loin ; il en sortait des types en uniforme, munis de gilets fluorescents.

Ball freina tout à coup, se déporta. Une décapotable d'un rouge vif, déboulant à fond de train sur la voie d'accélération, lui emporta une aile dont la tôle vola au milieu de la chaussée, s'en alla percuter le dernier véhicule de police, qui fut littéralement plié. Un motard, passant avant que le barrage de police ne se referme, fonça dans l'amas de ferraille et de vitre cassée et, cabriolant par-dessus, brisa la visière de son casque sur le bitume et glissa, dans sa combinaison, sur cent bons mètres.

Plus loin, les policiers avaient installé une herse et disposé, de part et d'autre de leurs fourgons, des tireurs en embuscade, mais Marvin Ball braqua à nouveau, s'engagea au dernier moment, toujours à contre-sens, dans la voie d'insertion qui s'offrait à eux. Sa bagnole écrasa un des piliers verts qui délimitaient l'intersection.

Libérés des flics qui les poursuivaient, les quatre hommes regagnaient Marnilly.

 

 

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Vous trouverez le roman dans son intégralité, en format e-book - et il est gratuit! - en cliquant sur le lien suivant: Puissance de la terre.

 

 

En voici une petite présentation:

 

       Sylvain Fargier redouble sa seconde. Comme il en a plus qu'assez de servir de souffre-douleur à ses camarades, il décide de laisser ses études en plan. Il travaillera dans la petite ferme de ses parents, au milieu de nulle part. Mais ces derniers ne l'entendent pas de cette oreille et parviennent finalement à le ramener à la raison. De retour en cours et à l'internat, plein d'appréhension, notre adolescent ne rencontre pas les moqueries auxquelles il s'attendait: ses camarades sont intrigués par un nouveau venu d'une taille impressionnante, qui ne parle jamais à personne en dehors de deux amis et n'est pas sans accointances avec les voyous des quartiers alentour. 

 

Sera-t-il le héros tant attendu qui vengera Sylvain de toutes les humiliations subies et permettra aux gens des campagnes de prendre une revanche éclatante sur le développement inexorable des villes ? Ou est-il aussi dangereux que les hommes qu'il côtoie ? Sylvain ne sait trop qu'en penser. Toujours est-il que les bagarres, les casses, les combats clandestins se succèdent et lui font oublier quelque temps un quotidien bien morne.

 

 

 

 


20/06/2015
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L'autorité en crise

Constatant que notre société devient de plus en plus violente, je pratique régulièrement un art martial – j'en parlerai peut-être dans un prochain article. Ce lundi, en sortant du dojo, j'ai commencé à discuter avec un partenaire de pratique que je ne connaissais guère et qui a été flic par le passé.

 

Voici deux anecdotes tirées d'une discussion qui s'est quelque peu prolongée.

 

-Avec ses collègues, il interpelle un type fou furieux qui roule dans une bagnole volée. Manque de pot : c'est un champion de kick boxing et il est complètement camé. A peine sorti de son véhicule, il envoie au tapi les trois flics qui se présentent à lui. Mon ami appelle du renfort ; le malfrat se jette sur lui. Il sort de la voiture, recule, recule, fait marche-arrière brusquement, se précipite dans ses jambes et le projette au sol. L'autre lui assène de terribles coups de coude dans la colonne vertébrale. Il parvient malgré tout à le tenir provisoirement au sol. Mais, il sent que son adversaire ne tardera pas à se libérer et à le détruire. Il tient la bête, se trouve sur le point de lâcher son étreinte, quand les renforts arrivent enfin. Il est sauvé. Ses collègues finiront à l'hôpital : nez fracturé, dents cassés. Lui-même met plusieurs jours à se remettre des coups de coude qui lui ont déplacé deux vertèbres. Mais, il aura par la suite une surprise de taille : le bandit camé qui roulait dans une bagnole volée, le casseur de flics, l'agresseur porte plainte.

 

-On lui signale une autre fois un petit jeune qui fait des pointes de vitesse à la sortie d'une école. Avec ses collègues, il l'attend sur les lieux de l'infraction et, comme on le leur a signalé, le motard se pointe et se prend même à slalomer entre les bambins et une ou deux poussettes. Il accélère. Nos flics le rattrapent et lui font signe de s'arrêter. Il accélère encore en les apercevant, atteignant un bon 120 en pleine agglomération. Il est pris en chasse. Les flics parviennent à grand peine à revenir à sa hauteur. Mon collègue, qui est sur le siège du passager, s'aperçoit qu'ils longent une haie. L'occasion est trop belle : il pousse à travers la vitre le motard qui va s'affaler dans les thuyas. Avec ses collègues, il sort du véhicule de police afin de l'appréhender. Il est le premier à s'approcher du petit délinquant; il ne se méfie pas. Ce dernier, sans crier gare, lui envoie un coup de pied brutal dans les parties. Il s'écroule. Son adversaire profite de son avantage pour se jeter sur lui, s'apprête à le rouer de coups. "Enculés de flics", crie-t-il. Ceux-ci justement parviennent à grand peine à le maîtriser. Devinez, au final, qui va se pourvoir devant les tribunaux... un fou furieux qui a failli renverser trois bambins et deux nourrissons, roulait en excès de vitesse en agglomération, n'hésite pas à prendre la fuite et agresse un flic. Véridique.

 

Il m'est arrivé par la suite de comparer tout cela à ce que me rapportent des amis enseignants au sujet de leurs élèves: ces derniers ne sont jamais responsables de rien et sont prêts à faire virer leurs professeurs - parfois ils y parviennent - pour un mot de travers. Ils n'ont aucun devoir, mais tous les droits.

 

Au cours de cette discussion, mon ex-flic m'explique encore que les gars des cités ne les craignent nullement, un peu comme les élèves ne craignent plus leurs profs: ils s'approchent d'eux, leur demandent des clopes sans aucune formule de politesse, les obligent même à baisser les yeux.

 

Le problème vient ni plus ni moins d'un laxisme généralisé. Les policiers n'ont pas le pouvoir de se faire respecter. Il est certain que nos petits voyous y réfléchiraient à deux fois si leurs écarts de langage leur attiraient quelques coups de matraques, si dans les courses-poursuite auxquelles ils se livrent fréquemment, on leur tirait dessus à balles réelles. Malheureusement, ils ne comprennent que la force et méprisent les flics qui n'ont pas les moyens de l'être autant qu'eux.

Plus profondément, je crois que l'on paie ici un grand mouvement de balancier d'après guerre. L'autorité, dans la tête des gauchos qui nous gouvernent, renvoie à Vichy et au Nazis. On préfère tout tolérer plutôt que de passer pour fasciste et, par peur du racisme, qui nous renvoie encore à des épisodes sombres de notre histoire, on a laissé pululer de véritables barbares autours de nos villes. Et personne ne veut voir à quel point ils sont dangereux, prêts à tout, incultes et en même temps sûrs de leur bon droit.


18/06/2015
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Bach - Wachet auf, runft uns die Stimme

"Réveillez-vous, la voix nous appelle". Référence à la parabole des dix vierges de l'Evangile de Saint Matthieu qui attendent leur fiancé, de l'âme, donc, qui doit être prête à tout moment à recevoir le Christ. On dira de Mozart que c'est un virtuose - et on aime à souligner sa précocité -, qu'il est inventif, insouciant, génial - Bach est divin. Il a eu accès à des beautés qu'aucun musicien avant lui n'avait approchées, qu'aucun par la suite n'approchera jamais. Fermons les yeux et laissons-nous porter par cette cantate entonnée pour la première fois en 1731 à Leipzig: le ciel s'ouvre et les anges se mettent à chanter.



08/06/2015
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