Puissance de la terre

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Actualité


Explications de texte, bac de français et autres fariboles

J'ai relu il y a peu une sorte de nouvelle drôlatique écrite au temps où j'étais encore étudiant. Il s'agit d'une explication de texte que fait Eminescu, petit étudiant sans le sou, pauvre hère qui rêve de coucher avec des filles qui ne le calculent pas. Un véritable trickster, héros de tout un cycle. Certes, je trouve bien des défauts au style de ma nouvelle, et je puis dire qu'en dix ans celui-ci s'est assoupli. Mais tout de même, quelle énergie, quelle imagination! Tout n'est que délire d'un bout à l'autre du récit. Un véritable sketch!

Je ne vais pas tarder à le mettre en ligne sur un site intitulé de Plume en plume. Il se pourrait qu'il ne soit pas accepté - le texte est assez irrévérencieux - auquel cas je le publierai par épisodes sur ce blog.

A suivre, donc.

Tout ceci m'amène à parler de ces oraux assez ridicules que l'on fait passer à nos étudiants et bacheliers. Que de fariboles ne racontent-ils pas sur des textes dont ils se foutent pas mal. Ils apprennent quelques généralités, des figures de style, de grands mots qu'ils déballent à tout-va. Mais pour le fond, comprennent-ils nos grands classiques? Ils doivent être bien peu à y avoir accès. Et j'en viens à m'interroger sur l'utilité de bien des épreuves, et du bac en lui-même. L'état dépense, tenez-vous bien, un milliard cinq cent vingt-cinq million d'euros pour un examen que l'on donne à tout le monde. Ils sont plus de quatre-vingt pour cent à l'avoir, et la plupart se vantent de n'avoir rien foutu de l'année. A quoi tout cela sert-il?


27/06/2015
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L'autorité en crise

Constatant que notre société devient de plus en plus violente, je pratique régulièrement un art martial – j'en parlerai peut-être dans un prochain article. Ce lundi, en sortant du dojo, j'ai commencé à discuter avec un partenaire de pratique que je ne connaissais guère et qui a été flic par le passé.

 

Voici deux anecdotes tirées d'une discussion qui s'est quelque peu prolongée.

 

-Avec ses collègues, il interpelle un type fou furieux qui roule dans une bagnole volée. Manque de pot : c'est un champion de kick boxing et il est complètement camé. A peine sorti de son véhicule, il envoie au tapi les trois flics qui se présentent à lui. Mon ami appelle du renfort ; le malfrat se jette sur lui. Il sort de la voiture, recule, recule, fait marche-arrière brusquement, se précipite dans ses jambes et le projette au sol. L'autre lui assène de terribles coups de coude dans la colonne vertébrale. Il parvient malgré tout à le tenir provisoirement au sol. Mais, il sent que son adversaire ne tardera pas à se libérer et à le détruire. Il tient la bête, se trouve sur le point de lâcher son étreinte, quand les renforts arrivent enfin. Il est sauvé. Ses collègues finiront à l'hôpital : nez fracturé, dents cassés. Lui-même met plusieurs jours à se remettre des coups de coude qui lui ont déplacé deux vertèbres. Mais, il aura par la suite une surprise de taille : le bandit camé qui roulait dans une bagnole volée, le casseur de flics, l'agresseur porte plainte.

 

-On lui signale une autre fois un petit jeune qui fait des pointes de vitesse à la sortie d'une école. Avec ses collègues, il l'attend sur les lieux de l'infraction et, comme on le leur a signalé, le motard se pointe et se prend même à slalomer entre les bambins et une ou deux poussettes. Il accélère. Nos flics le rattrapent et lui font signe de s'arrêter. Il accélère encore en les apercevant, atteignant un bon 120 en pleine agglomération. Il est pris en chasse. Les flics parviennent à grand peine à revenir à sa hauteur. Mon collègue, qui est sur le siège du passager, s'aperçoit qu'ils longent une haie. L'occasion est trop belle : il pousse à travers la vitre le motard qui va s'affaler dans les thuyas. Avec ses collègues, il sort du véhicule de police afin de l'appréhender. Il est le premier à s'approcher du petit délinquant; il ne se méfie pas. Ce dernier, sans crier gare, lui envoie un coup de pied brutal dans les parties. Il s'écroule. Son adversaire profite de son avantage pour se jeter sur lui, s'apprête à le rouer de coups. "Enculés de flics", crie-t-il. Ceux-ci justement parviennent à grand peine à le maîtriser. Devinez, au final, qui va se pourvoir devant les tribunaux... un fou furieux qui a failli renverser trois bambins et deux nourrissons, roulait en excès de vitesse en agglomération, n'hésite pas à prendre la fuite et agresse un flic. Véridique.

 

Il m'est arrivé par la suite de comparer tout cela à ce que me rapportent des amis enseignants au sujet de leurs élèves: ces derniers ne sont jamais responsables de rien et sont prêts à faire virer leurs professeurs - parfois ils y parviennent - pour un mot de travers. Ils n'ont aucun devoir, mais tous les droits.

 

Au cours de cette discussion, mon ex-flic m'explique encore que les gars des cités ne les craignent nullement, un peu comme les élèves ne craignent plus leurs profs: ils s'approchent d'eux, leur demandent des clopes sans aucune formule de politesse, les obligent même à baisser les yeux.

 

Le problème vient ni plus ni moins d'un laxisme généralisé. Les policiers n'ont pas le pouvoir de se faire respecter. Il est certain que nos petits voyous y réfléchiraient à deux fois si leurs écarts de langage leur attiraient quelques coups de matraques, si dans les courses-poursuite auxquelles ils se livrent fréquemment, on leur tirait dessus à balles réelles. Malheureusement, ils ne comprennent que la force et méprisent les flics qui n'ont pas les moyens de l'être autant qu'eux.

Plus profondément, je crois que l'on paie ici un grand mouvement de balancier d'après guerre. L'autorité, dans la tête des gauchos qui nous gouvernent, renvoie à Vichy et au Nazis. On préfère tout tolérer plutôt que de passer pour fasciste et, par peur du racisme, qui nous renvoie encore à des épisodes sombres de notre histoire, on a laissé pululer de véritables barbares autours de nos villes. Et personne ne veut voir à quel point ils sont dangereux, prêts à tout, incultes et en même temps sûrs de leur bon droit.


18/06/2015
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