Puissance de la terre

Puissance de la terre

Extraits de mon roman


Course-poursuite

C'est en écoutant la télé d'une oreille distraite que j'ai eu l'idée de publier un extrait de mon roman. Deux trafiquants de drogue ont été interpellés près de Toulouse après avoir pris une autoroute à contre-sens à bord d'une Porsche Cayenne. J'ai eu la même idée dans mon roman, Puissance de la terre. Sauf que mes quatre héros ne transportent pas du cannabis en mode go-fast; ils viennent de faire le casse d'une des banques les plus prospères d'une grande métropole.

 

Sahuc est le héros tant attendu (cf. la fin de mon article Présentations) par mon narrateur, Sylvain Fargier, ce pauvre fils de paysan plein d'imagination dont les parents sont accablés de dettes. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'en attaquant des banquiers à la kalachnikov, son héros le venge lui et tous les siens de tous ceux qui les oppriment.

 

Les quatre membres du commando viennent juste de sortir de la banque avec des sacs de sport pleins à craquer. Attention à ce qui va suivre: vous en viendrez à vous accrocher aux bras de votre fauteuil tant le récit vous transporte, peut-être même que vous vous protégerez la tête des éclats de pare-brise et de tôle qui volent en tous sens...

 

 

Cinq voitures de police, déboulant de nulle part, les prirent en chasse au niveau du boulevard principal d'Aubusson. Ils slalomèrent d'abord entre les autos qui klaxonnaient, prirent une voie de bus, puis un sens interdit, sans parvenir à les semer. Se penchant à travers la vitre arrière grande ouverte, Sahuc ajusta leurs plus proches poursuivants. Le pare-brise tomba et la caisse, dont le gyrophare illuminait la rue, alla se ficher dans un horodateur. La riposte ne se fit pas attendre. Une première balle, manquant de justesse un pneu, rebondit sur la jante ; une deuxième traversa la lunette arrière, frôla la tempe d'Astor.

Quittant le centre-ville, Ball s'engagea brusquement dans une voie d'insertion.

-Maintenant, essayez de me suivre, si vous le pouvez, marmonna-t-il en regardant dans son rétroviseur les véhicules de police.

Il donna soudain un grand coup de volant. Dans un crissement de pneu déchirant, sa bagnole fit une embardée telle que deux roues décollèrent du sol. Un poids lourd l'évita avec un coup de klaxon interminable. Accélérant de plus belle, il repartit sur la rocade, à contre-sens. Deux voitures le suivirent malgré tout ; les autres furent bloquées par des automobilistes qui freinaient en catastrophe. Il y eut sur les deux voies un embouteillage monstre.

-Encore deux cages à poulets. Allez, ma belle, montre-nous ce que t'as dans le ventre !

Les autos, qui arrivaient face à eux, faisaient claquer leurs vitres par de brusques appels d'air, les aiguilles sur le tableau de bord étaient à leur maximum, et les quatre hommes filaient à deux cent-vingt sur une bande d'arrêt d'urgence.

Un petit jeune, qui changeait sa roue, leur barra soudain le passage. Ball se déporta au dernier moment, se rabattit avant qu'une camionnette ne les percute – les angles des pare-chocs se frôlèrent. Les flics, derrière, ne s'en tirèrent pas à si bon compte. N'ayant pas eu le réflexe de braquer, ils emboutirent la petite auto en panne dans un froissement de tôle effroyable, tuant le jeune homme sur le coup, et leur véhicule s'en alla heurter la glissière de sécurité qu'il déforma.

Une seule bagnole, avec des hurlements de sirène, était encore à leurs trousses ; des flics, à l'intérieur, cherchaient à les atteindre par des tirs sporadiques.

-Il en reste plus qu'une, mais ils vont pas tarder à bloquer la voie. Il faut sortir de ce merdier.

A la place du mort, Murdock avait aperçu des fourgons qui investissaient la rocade, au loin ; il en sortait des types en uniforme, munis de gilets fluorescents.

Ball freina tout à coup, se déporta. Une décapotable d'un rouge vif, déboulant à fond de train sur la voie d'accélération, lui emporta une aile dont la tôle vola au milieu de la chaussée, s'en alla percuter le dernier véhicule de police, qui fut littéralement plié. Un motard, passant avant que le barrage de police ne se referme, fonça dans l'amas de ferraille et de vitre cassée et, cabriolant par-dessus, brisa la visière de son casque sur le bitume et glissa, dans sa combinaison, sur cent bons mètres.

Plus loin, les policiers avaient installé une herse et disposé, de part et d'autre de leurs fourgons, des tireurs en embuscade, mais Marvin Ball braqua à nouveau, s'engagea au dernier moment, toujours à contre-sens, dans la voie d'insertion qui s'offrait à eux. Sa bagnole écrasa un des piliers verts qui délimitaient l'intersection.

Libérés des flics qui les poursuivaient, les quatre hommes regagnaient Marnilly.

 

 

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Vous trouverez le roman dans son intégralité, en format e-book - et il est gratuit! - en cliquant sur le lien suivant: Puissance de la terre.

 

 

En voici une petite présentation:

 

       Sylvain Fargier redouble sa seconde. Comme il en a plus qu'assez de servir de souffre-douleur à ses camarades, il décide de laisser ses études en plan. Il travaillera dans la petite ferme de ses parents, au milieu de nulle part. Mais ces derniers ne l'entendent pas de cette oreille et parviennent finalement à le ramener à la raison. De retour en cours et à l'internat, plein d'appréhension, notre adolescent ne rencontre pas les moqueries auxquelles il s'attendait: ses camarades sont intrigués par un nouveau venu d'une taille impressionnante, qui ne parle jamais à personne en dehors de deux amis et n'est pas sans accointances avec les voyous des quartiers alentour. 

 

Sera-t-il le héros tant attendu qui vengera Sylvain de toutes les humiliations subies et permettra aux gens des campagnes de prendre une revanche éclatante sur le développement inexorable des villes ? Ou est-il aussi dangereux que les hommes qu'il côtoie ? Sylvain ne sait trop qu'en penser. Toujours est-il que les bagarres, les casses, les combats clandestins se succèdent et lui font oublier quelque temps un quotidien bien morne.

 

 

 

 


20/06/2015
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Les blessures intérieures

A la base de toute vocation littéraire, il y a le plus souvent de profondes et anciennes blessures. L'auteur cherche à sublimer un moment douloureux de son existence par les mots. Est-ce qu'il y parvient? Je n'en suis pas sûr. Au moins trouve-t-il un exutoire ou un apaisement temporaire à ses souffrances intérieures.

 

Pour ma part, l'expérience qui m'a le plus profondément marqué, c'est l'internat, ce lieu où l'on se sent abandonné de tous, de ses parents surtout, et où l'on comprend mieux la petite réplique de Huis-clos: "L'enfer, c'est les autres". J'ai moi-même été interne et plus rien dans ma vie n'a été comme avant. Que dire de plus? Des années après, je me sens le besoin de prendre une revanche sur ce que j'ai subi.

 

Je place ici un extrait qui fait le fond de mon roman (Puissance de la terre) et où j'ai essayé de retranscrire avec le plus de justesse possible ce que peuvent être les rapports entre adolescents, quand ils sont livrés à eux-mêmes.

 

 

Nous entendîmes la voix du Sam qui approchait. Raffy planqua sa console dans le tiroir de son bureau.

-... Et voilà ta piaule. Tu vois, c'est bien cool, bien tranquillos. C'est un peu comme si t 'étais chez toi, quoi.

Une main sur son épaule, le pion nous amenait un mec assez petit, aux cheveux noirs. Il était dans notre classe et je me rappelais l'avoir vu au self en train de draguer une fille de l'internat.

Il portait un jean ample, avait en main un gros sac de marque.

-... Tes deux potes.

Il écouta à peine les règles de fonctionnement que le Sam lui expliquait avec des « OK ?... Ouais ?... Ça roule ? ». Dès que ce dernier l'eut lâché, il considéra les deux lits superposés, qui étaient restés libres, puis le petit coin que j'avais aménagé.

-C'est qui ici ? C'est toi ?... Ça te fait rien si je prends ta place ?

Je lui répondis sans trop réfléchir que je m'en foutais.

-Cool.

J'enlevai mes draps, vidai mon armoire et transférai mes bouquins. Il posa son gros sac sur mon lit.

-La nouvelle Game Box ! s'exclama-t-il en voyant Raffy la ressortir de son tiroir. Ça fait longtemps que tu l'as ?

-Je l'ai acheté ce week-end.

-Et t'as quoi comme jeux ?

-Pour l'instant, j'ai que Bricamix et Little Pepito, mais je vais en acheter d'autres.

-Tu me fais essayer ?

-Si tu veux...

Le nouveau venu s'empara de l'appareil en passant la langue sur ses lèvres, s'assit sur son bureau. Il y allait un peu fort, ce que lui fit remarquer Raffy avant de reprendre la Game Box.

Il se mit à siffloter tout en tapotant sur ses genoux. Il me regardait.

-En fait, t'es vachement concentré, toi. Qu'est-ce que tu fais ? Tu révises pour le DS de demain ?

-Ouais.

-Tu dois être balèze en histoire, non ?

Je préférai affirmer le contraire ; j'avais peur d'avoir l'air con si je me tapais une mauvaise note. Et puis, je n'étais vraiment pas sûr d'être « balèze ».

J'essayai la Game Box après manger. Avec moi, les trois vies de Little Pepito furent de courte durée. Le petit bonhomme tomba deux fois à l'eau et fut gobé, pour finir, par une plante carnivore. « Game over ». Il me fallut rendre la console, mais je ne pensais qu'à la reprendre.

Nous nous mîmes bientôt au lit. Je regrettais d'avoir changé de place. Le lit superposé, au-dessus de moi, me faisait de l'ombre et je ne pouvais lire avant de m'endormir comme j'aimais à le faire. Le pion vint nous demander d'éteindre. Dès qu'il fut parti, le nouveau alluma une petite lampe de bureau et se mit à feuilleter un magazine qu'il sortit de son gros sac. Allongé sur le ventre, il en fit claquer les pages quelques minutes avant de lever le nez.

-Au fait, vous êtes là pourquoi, vous ?

-C'est mes parents, répondit Raffy. Comme je foutais rien en troisième, ils m'ont inscrit ici pour que je bosse.

Je me souvins de sa mère, une femme blonde, bien mise, qui assaillait le CPE de questions en début d'année.

-Moi, au départ, je devais être externe, nous confia le nouveau, mais avec ma mère, on arrêtait pas de s'engueuler. Elle m'a fait : « Ouais, y'en a marre, tu veux jamais rien faire, tu prends cette baraque pour un hôtel. Si t'es pas content, t'as qu'à te barrer à l'internat ! » J'ai fait : « Pas de problème. Au moins, t'arrêteras de me faire chier ».

Il se tourna vers moi.

-Et toi ?

-J'habite trop loin. Je peux pas rentrer chez moi tous les soirs.

-T'habites où ?

Le nom de « Fondine » le fit rire.

 

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Vous trouverez le roman dans son intégralité, en format e-book - et il est gratuit! - en cliquant sur le lien suivant: Puissance de la terre.

 

 

En voici une petite présentation:

 

       Sylvain Fargier redouble sa seconde. Comme il en a plus qu'assez de servir de souffre-douleur à ses camarades, il décide de laisser ses études en plan. Il travaillera dans la petite ferme de ses parents, au milieu de nulle part. Mais ces derniers ne l'entendent pas de cette oreille et parviennent finalement à le ramener à la raison. De retour en cours et à l'internat, plein d'appréhension, notre adolescent ne rencontre pas les moqueries auxquelles il s'attendait: ses camarades sont intrigués par un nouveau venu d'une taille impressionnante, qui ne parle jamais à personne en dehors de deux amis et n'est pas sans accointances avec les voyous des quartiers alentour.  Sera-t-il le héros tant attendu qui vengera Sylvain de toutes les humiliations subies et permettra aux gens des campagnes de prendre une revanche éclatante sur le développement inexorable des villes ? Ou est-il aussi dangereux que les hommes qu'il côtoie ? Sylvain ne sait trop qu'en penser. Toujours est-il que les bagarres, les casses, les combats clandestins se succèdent et lui font oublier quelque temps un quotidien bien morne.

 


01/06/2015
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